Après des mois de feuilleton, la deuxième banque italienne a renoncé à racheter sa rivale, refroidie par les pouvoirs spéciaux de contrôle avancés par le gouvernement Meloni.

Giorgia Meloni, le 10 juillet 2025, à Rome ( AFP / ANDREAS SOLARO )
Les grandes manoeuvres ont finalement fait "pschit". Unicredit, la deuxième banque italienne, a déclaré mardi qu'elle retirait son offre sur la troisième, Banco BPM, en blâmant le recours au "golden power" par le gouvernement italien, imposant des conditions contraignantes à l'opération.
L’annonce surprise met fin à une lutte prolongée entre UniCredit, Banco BPM et le gouvernement italien, qui s’opposait à la prise de contrôle potentielle via une offre publique d'échange. Elle intervient également quelques heures après que le régulateur des marchés financiers italiens, la Consob, a suspendu l’offre de rachat d’Unicredit sur Banco BPM pendant 30 jours, invoquant une "situation d’incertitude""autour de l’offre.
Le gouvernement a son mot à dire
UniCredit avait lancé son offre de rachat pour Banco BPM fin novembre, valorisant la troisième banque italienne à 10,1 milliards d’euros. Alors que Banco BPM considérait la décision comme hostile et l’offre comme insuffisante, le gouvernement italien du Premier ministre Giorgia Meloni s’y est également opposé, en exerçant sa clause de "golden power", qui fixait des restrictions à l’accord potentiel. En avril, le gouvernement italien avait exercé sa disposition de "golden power", qui invoquait des préoccupations de sécurité nationale dues aux opérations d'UniCredit en Russie.
Remontant à une loi de 2012, les dispositions du régime "Golden Power" donnent au gouvernement des pouvoirs spéciaux, d'approbation ou de veto. Elles permettent de fixer certaines conditions restrictives aux prises de contrôle dans des secteurs stratégiques, tels que le secteur bancaire, en particulier une obligation de maintenir le niveau des prêts accordés en Italie pendant une certaine période, et de cesser toute activité en Russie.
De ces contrôles doit découler une autorisation Golden Power", obligatoire pour toute transaction stratégique dans une kyrielle de secteurs (défense, énergie, finance, trnasports, santé, agroalimentaire, etc...).
En l'espèce, les conditions nécessaires à cette autorisation furent trop drastiques pour Unicredit, qui a acté l'échec du rachat dans un communiqué. "Le conseil d'administration d'UniCredit annonce le retrait de son offre pour BPM car la condition relative à l'autorisation golden power n'est pas satisfaite", a ainsi déclaré la banque, qualifiant cela d'"opportunité manquée" pour les actionnaires de Banco BPM.
Contrepied au feu vert de la Commission européenne
"Le processus d’offre normal a été impacté par la disposition du golden power prônée avec insistance par la direction de BPM. En conséquence, la direction de BPM a privé ses actionnaires du dialogue qui se déroule normalement pendant une période d’offre pour comprendre la valeur créée par le regroupement et déterminer les conditions qui leur seraient acceptables pour aller de l’avant", ajoute le texte. "L’incertitude persistante autour de l’application des prescriptions du golden power ne profite pas" aux actionnaires d’UniCredit, a déclaré le PDG d’Unicredit Andrea Orcel dans le communiqué.
En juin, la Commission avait donné son feu vert au projet, Unicredit s'engageant à céder 209 succursales dans des régions où la fusion des deux réseaux bancaires aurait pu soulever des problèmes de concurrence. Le tribunal administratif de Rome (TAR) avait de son côté partiellement statué en faveur d’Unicredit, éliminant deux des quatre exigences que Rome avait imposées dans le cadre de ses restrictions sur la prise de contrôle.
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